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17 janvier 2009 6 17 /01 /janvier /2009 18:08

                                                       LA GRANDE VINOTIERE (suite)

 Les accidents n’en continuent pas moins

1903, Le Chouan, dans le journal  « Le Finistère » du 13 juin : une contravention a été infligée à  Eugène Lessillour capitaine du dundée Le Chouan de Perros Guirec, pour avoir le 10 février précédent, accidentellement détérioré la tourelle de la Grande Vinotière, et n’avoir pas fait de déclaration. 5 Francs d’amende avec sursis.

 

1903, Naufrage de la Sainte-Eugénie, brick à voiles de Concarneau, 109,22 tonneaux, 37 ans, équipage 7, en route de Swansea sur Pornic avec 200 tonnes de charbon.  Le vendredi soir 13 août, à 10 heures, par mer houleuse, forte brise de suroit et  brume intense, le brick a été drossé par un fort courant de jusant sur la tourelle de la Vinotière que son équipage  ne pouvait voir. Le navire s’est crevé sur la roche et a coulé en quelques minutes. L’équipage s’est sauvé dans le canot du bord. Le capitaine Le Courant, et ses six hommes, ont débarqué dans le youyou à la pointe des Renards à 11 heures du soir et ont gagné le Conquet à minuit.

 

 

1905, la perte du Justin, vapeur de cabotage de Dunkerque, 1 047 tonneaux, 24 ans, équipage 20, en route de Bilbao sur Dunkerque avec du minerai de fer.  Le 28 août, 22 heures 30, sous des grains violents répétés et une mer grosse. Il est allé par manque de visibilité se jeter sur la partie sud du plateau de la Grande Vinotière et y est resté engagé avec de sérieuses déchirures. L’équipage a pu se sauver par le canot et la baleinière du bord.

Le journal « Le Finistère » du samedi 2 septembre :       Venant de Bilbao en Espagne avec un chargement de 2 000 tonnes de minerai, le Justin s’est échoué lundi dernier sur le plateau de la Vinotière dans un gros grain empêchant de voir le feu. Machine inondée par voie d’eau, les fusées lancées à 23 heures ne sont vues de personne. L’équipage abandonne dans le canot du bord et la baleinière. A minuit trente les deux embarcations abordent aux Blancs-Sablons.

Justin, 84 mètres, armement Beck de Dunkerque, capitaine Le Coq. Evalué avec son chargement à 200 000 Francs, perte totale. A marée haute les deux mâts et la cheminée marquée BK émergent.

Journal le « Courrier du Finistère » : Parti de Bilbao le 25 août, le vapeur a subi du mauvais temps pendant toute la traversée. En entrant dans le chenal du Four un gros grain lui a masqué les feux de la côte et d’Ouessant. Il naviguait un peu au hasard quand il est venu toucher les roches de la Vinotière. En quelques minutes l’eau a envahi la machine. Le capitaine Le Coq a fait évacuer son navire, l’équipage sain et sauf a fait côte aux Blancs-Sablons.

6 septembre, dans la presse locale : des maraudeurs ont été aperçus à bord de l’épave du Justin qui émerge à marée basse. Les coupables sont des goémoniers des îles.

 

1905, Marie, (Inscription Maritime Le Conquet et rôle), bateau non ponté, pilote Nr2 d’Ouessant (Stephan) 14,76 tonneaux, 6 ans, équipage 2, allant du Conquet à Ouessant avec du bois et des vaches. Le 11 septembre, à deux heures et demi de l’après-midi par mer belle et beau temps, cherchant à manœuvrer entre la tourelle de la Grande Vinotière et l’épave du Justin a été drossé contre la tourelle par le courant et a crevé des bordés sur les crampons en fer qui servent d’échelles. Il a coulé au bout de deux heures. (Comme on peut le noter, les pilotes avaient aussi un rôle de bornage ou équivalent selon les époques, qui leur permettait de transporter passagers et marchandises. JPC)

 

1909, IM Conquet, Hawthorn, dundée de cabotage de Saint-Malo, 66,61 tonneaux, 22 ans, de Cherbourg sur Brest avec du charbon en briquettes, le 6 août par très beau temps et faible brise, mer belle, par suite de fausses manœuvres et du manque de vent, a été drossé par le courant sur la tourelle de la Vinotière, y a cassé son beaupré, et s’est échoué aussitôt après sur le plateau rocheux. Equipage 5 hommes, sauvés dans le canot du bord. Bateau entièrement submergé le 18 août, navire et cargaison perdus.

 

1909, IM Conquet, Yvette, trois-mâts morutier de Granville, 13 ans, 175,56 tonneaux, 24 hommes d’équipage, venant de Terre Neuve sur Granville. A repris la mer après relâche à Camaret le 2 octobre et par mer belle et brume a talonné sur la Grande Vinotière où il a perdu son gouvernail. L’équipage dans les doris a tenté de remorquer le navire sur une grève de sable dans la baie des Blancs-Sablons. L’opération a mal tourné, le morutier s’est échoué L’Yvette a été entièrement démolie par la mer le 8 octobre. Dans le « Courrier du Finistère » on précise une perte de 80 000 morues

 

Une goélette accroche la tourelle

-1914 , La tourelle de la Grande Vinotière a été abordée et son feu éteint dans la nuit du 3 au 4 juin  En fait il ressort du rapport du capitaine Alexis Geoffroy déposé à Audierne : la  goélette La Réussite descendant le chenal du Four est tombée à deux noeuds le 3 juin vers midi quarante, par manque à gouverner, sur la tourelle de la Vinotière. Après avoir détérioré avec ses vergues le réservoir du feu crevant la tuyauterie de gaz, la goélette raclant contre la maçonnerie a eu la malchance de passer sur l’épave du Justin et de s’y déchirer. Par suite de ses voies d’eau, le bateau chargé de ciment a coulé. L’équipage sauf semble avoir débarqué à Audierne où a été déposé le rapport.

Dégâts constatés sur la tourelle le 4 à 15h30 : le garde-corps et deux montants faussés et descellés, le tuyau de communication du réservoir au bec faussé, bout arraché. 18h30, tuyauterie remplacée, réservoir rempli de gaz, les ouvriers des Ponts et Chaussées quittent la tourelle,.

 

Quelques mois plus tard, nous somme dans le temps de la Guerre 14-18, la tourelle présente des dégradations importantes

-1915, le 29 novembre,  des fissures importantes ayant été constatées dans la maçonnerie, le feu est éteint, le réservoir à gaz démonté, une bouée provisoire à feu est mouillée à proximité. Quelques mois plus tard alors que la question se pose de faire basculer la tourelle à l’eau en la faisant tirer par le baliseur Léon Bourdelles ou de la détruire à l’explosif, une autre solution est approuvée qui consiste à enserrer l’édifice dans une gaine de béton.

Les travaux commencés courant 1916 avancent lentement, du fait de la guerre, et du peu de jours où les ouvriers peuvent accéder à l’ouvrage. Mais ils progressent.

 

La tempête des 16 et 17 décembre 1917 remet tout en question

Ces deux journées sont funestes car les vagues en furie arasent la Vinotière au niveau du cerclage de béton en cours de réalisation. Il ne reste plus qu’à nettoyer la roche des restes et à reconstruire.

 

Le 8 janvier 1918, le ministère donne son autorisation pour reconstruire la Grande Vinotière. Il peut sembler surprenant qu’en pleine guerre, les autorités s’intéressent à un ouvrage de balisage secondaire. Mon avis  est que les navires marchands, devant contourner la Bretagne, se trouvaient sous la menace des sous-marins allemands en embuscade. Ils préféraient longer les côtes au plus près pour leur échapper. Donc le balisage côtier était de la plus grande importance pour la survie de notre commerce maritime.

 

La fin des soucis

-18 octobre 1919, la maçonnerie est terminée, le feu blanc de la tourelle neuve est rallumé le 15 novembre. Il ne semble pas que depuis la Vinotière ait connu de problèmes notables. La couleur de l’édifice et la nature du feu, ont été adaptés à la réglementation maritime en vigueur.



















 

























La tourelle perd sa tête

Il y a quelques années, pour l’alimentation électrique du feu, des panneaux solaires ont été posés au sommet du réservoir à gaz désaffecté. Ce même réservoir a été récemment démonté « défigurant » le monument, lui donnant désormais un air de « pas fini ».

 












En guise d’épilogue
 

la Grande Vinotière veille depuis un certain 18 juin 1940 sur l’épave de l’aviso Vauquois détruit sur une mine avec la majorité de son équipage, alors qu’il quittait Brest pour l’Angleterre. (Voir cet article)

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