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15 janvier 2009 4 15 /01 /janvier /2009 14:53

Parfois un événement survient qui trompe la monotonie des jours, ici l’imprévu vient de la mer, et c’est bien souvent sous la forme d’un drame.

 

Le naufrage du « Général Decaen »

 

1857 Lundi 16 mars on lit dans le journal « L’Océan »,  Le brick français Général Decaen  a fait naufrage aux  Pierres Noires :

-La corvette Le Souffleur a appareillé allant à la recherche de l’équipage d’un navire qui depuis quatre jours avait fait naufrage sur les Pierres Noires. Ces malheureux ont réussi à gagner un plateau de roches plus élevé sur lequel ils ont passé quatre jours. Au nombre de huit lors du naufrage, le mousse a succombé. La corvette patrouille en tirant du canon, puis vient au Conquet. L’équipage du navire s’y trouve, sauvé par une embarcation du pays, qui a surmonté de grandes difficultés. Les hommes sont dans un hôtel du Conquet où ils reçoivent des soins.

Puis dans le même journal quelques jours  plus tard  on a connaissance des détails : « On nous écrit du Conquet le 18 mars. Le terrible coup de vent qui a eu lieu du 14 au 15 courant s’est fait sentir sur nos côtes d’une manière bien déplorable le dimanche 15. Sur les grèves et en particulier aux Blancs-Sablons on a trouvé toutes sortes d’épaves mais aussi des oranges, du liège etc..

Lundi 16, le capitaine Calvé dont le navire est en charge au Conquet, faisant une tournée sur la côte, à l’aide de sa longue-vue a aperçu 7 hommes sur les sommités de la roche nommée La Chaise qui fait partie du groupe dangereux des Pierres Noires.

Le capitaine Calvé en informa l’administration de l’Inscription Maritime et fit tout de suite traîner à l’eau l’embarcation de son lougre qu’il envoya avec ses matelots au secours des naufragés. A l’exemple du généreux capitaine, toutes les embarcations disponibles prenaient la mer, l’administrateur de la Marine et le syndic étaient de l’expédition. Aucun résultat ne fut obtenu ce jour ni la nuit suivante.

Le mardi vers 8 heures ils ont réussi à les sauver et à les ramener au Conquet vers 9 heures 30.

Toute la population était émue à l’aspect navrant qu’offraient les pauvres marins meurtris sur la roche où de mer haute il leur fallait s’amarrer pour ne point être enlevés par les lames. Conduits à l’hôtel de Bretagne chez monsieur Joubert, ils ont été l’objet de soins empressés. Monsieur Gloaguen le recteur les visita, chacun allait les voir et s’enquérir de ce qui pouvait être utile, en particulier des vêtements. Ils voulaient ces malheureux en débarquant aller à l’église rendre grâce à Dieu mais les forces leur ont manqué. On ne saurait trop louer le zèle, le dévouement, l’abnégation et la charité des marins et des habitants du Conquet en cette circonstance du naufrage du brick français de 78 tonneaux Général Decaen, capitaine Dazon-Delamare. Le navire était parti de Madère le 3 février avec un chargement de vins, liège, orseille, pour Le Havre  et avait fait naufrage dans la nuit du 13 au 14 mars sur la Chaise. Le navire a été entièrement brisé par la mer qui était monstrueuse. Les hommes se sont sauvés par le beaupré en escaladant à l’aide d’un filin la roche la plus élevée du plateau. Le mousse s’est noyé. Les 7 hommes sont restés sans nourriture et mouillés par les vagues du 14 au 17 mars, jour où à 10 heures du matin ils ont été recueillis par 3 bateaux de pêche et ramenés Conquet.

Témoignages de satisfaction à :

Le Guerrannic, maire, Le Guerrannic Prosper et Ernest, proprétaires , Liquide Pierre commissaire de la Marine, administrateur du quartier du Conquet. Le Borgne Michel, matelot, Penfrat Louis, syndic des gens de mer, Kéruzoré Martial, maître de port, Guiziou Pierre, patron de bateau, Mingant Yves, fermier de Trielen, Causeur François et Causeur Jean Louis, cultivateurs à Béniguet qui avaient essayé plusieurs fois et en vain d’accoster la roche des naufragés, Menguy Louis, maître au cabotage, Cuillandre Jean, matelot, Luneau Joachim ancien marin.

 

Le 29 mars 1859, Jean Louis Causeur de Béniguet a obtenu une médaille d’honneur de 2e classe, en argent, pour s’être jeté à la mer et avoir sauvé les marins d’une embarcation en péril le 11 novembre 1858.

 

Vers 1860, François Causeur vient de dépasser les cinquante ans, son épouse Marie Jeanne a eu huit enfants dont la plupart sont morts en bas-âge. Travaillant sans relâche depuis leur enfance ce sont des gens fatigués. Mais ils jouissent d’une certaine aisance, (François Causeur figure parmi les 10 personnes les plus imposées du Conquet), le couple souhaite se retirer sur le continent laissant la ferme à leur fils Jean Louis. Seulement Jean Louis qui a 23 ans, n’est pas encore  marié. Heureusement l’occasion va bientôt se présenter.

 

SOUS LE SECOND EMPIRE, LES « CAUSEUR » CROISENT LA GENEALOGIE DES « LE SCANFF »  D’ARGENTON-PORSPODER PAR LES « LANNUZEL-QUEMENEUR  DE PLOURIN.

 

Depuis quelques années les Causeur ont des bateaux pour faire le goémon l’été et la pêche l’hiver. Début 1862 François décide de mettre en chantier un bateau neuf.  Un charpentier de marine a alors une grande réputation, il s’agit de Jean Marie Ven, de Prat Paul en Porspoder. Les Causeur vont le voir et font affaire, le bateau sera un sloup de 6,55 mètres. Un bateau se paye en général en trois fois : le premier tiers à la pose de la quille, le second tiers la coque terminée, le troisième tiers à la mise à l’eau, gréément et voiles en place. La surveillance de la construction et le règlement des échéances conduisent souvent Jean Louis Causeur à Porspoder. Il y fait la connaissance d’une couturière de trois ans son aînée, Marie Elisée Lannuzel que tout le monde appelle Elisa et qui habite au Radenoc, non loin du port d’Argenton.

Le 28 juillet 1862, François et Jean Louis Causeur viennent prendre livraison de leur sloup qu’ils ont nommé Belle France. La relation entre Jean Louis et Elisa va-t-elle s’arrêter là ? Non car le 2 février 1863 toute la famille Causeur arrive endimanchée à Porspoder, les cloches de l’église Saint-Budoc sonnent à toutes volées, Jean Louis « Caoseur », cultivateur 25 ans, né à Molène le 18 décembre 1837, demeurant à Béniguet, fils majeur de François Causeur et de Marie Jeanne Gilet épouse Marie Elisée Lannuzel, couturière, 28 ans, née à Plourin le 1er avril 1834, demeurant au Radenoc, fille de défunt Jean Marie Lannuzel (décédé à Porspoder le 8 septembre 1860) et de Marie Françoise Quéméneur, propriétaire, demeurant au Radenoc.

Parmi les témoins au mariage on note Jean Marie Ven charpentier de Prat Paul et son fils Yves, qui ont construit le bateau des Causeur et Jean Marie Léaustic cultivateur, 40 ans, beau-frère de la mariée. (On écrit aussi bien Léaustic que Léostic, c’est la forme francisé du breton An Eostig qui signifie le rossignol)
(à suivre)

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