PENHEP - BEAUSEJOUR - MAIRIE
Place de Brest. Dans les temps anciens, c’était l’entrée de la ville du Conquet, le lieu se nommait Gorre-Conq, (de gorre = hauteur), par opposition à Poul Conq, le marais d’en bas du Conquet. Gorre Conq dans les actes notariés était aussi nommé « Montagne du Conquet ».
Les seigneurs de Gorre-Conq-Penhep y avaient leur manoir. Plus tard ce fut la place d’armes avec un corps de garde. L’endroit était fort animé, particulièrement lors des deux foires annuelles de mai et de septembre. Le marché aux chevaux s’y tenait. C’est là aussi qu’arrivait et repartait la diligence de Brest.
Au milieu du XIXe siècle, tous les terrains au sud de la place de Brest étaient des pâtures et des terres labourables, à divers propriétaires (voir cadastre de 1841). Seulement deux petites parcelles paraissent loties (413-414), elles appartiennent alors à madame veuve Taburet de Saint-Renan et
donnent sur la rue Bernard (rue Pasteur).
Je l’ai évoqué dans les chapitres consacrés à la famille Tissier, François Benoît Tissier achète dans les années 1850, pièce à pièce, toutes les parcelles, qui réunies en un vaste ensemble vont constituer son domaine de Penhep. La grande maison bourgeoise dite « château de Penhep » a été construite en 1859-60. Mademoiselle Marie Tissier de Saint-Albin en hérite en 1886. Après son divorce en 1922 elle vend son bien à un photographe brestois : Nicolas Goaëc, domicilié 12 rue Jean Jaurès à Brest.
Le Conquet depuis l’arrivée du tramway en 1903, attire estivants et touristes. Nicolas Goaëc entreprend de transformer la maison Tissier en un hôtel ouvert à une clientèle aisée, bien situé en entrée de ville (gare du tramway) et à proximité des plages et du port.
Les cuisines sont installées en sous-sol, un discret monte-charge, caché dans une fausse armoire, amenait les plats jusque dans la salle de restaurant en entresol. Il existait encore lors de la transformation du bâtiment en 1999-2000. Goaëc fait construire un garage pour abriter les automobiles des clients et en terrasse aménage « l’annexe », une série de quelques chambres supplémentaires. Le personnel de l’hôtel se compose de Goaëc et de son épouse, plus trois employés.
Il fallait un nom au nouvel établissement : Hôtel du Beauséjour a été inscrit sur sa façade, on aurait pu attendre quelque chose de plus original, mais bon… Nicolas Goaëc a tenu son affaire pendant une dizaine d’années puis, à l’âge de la retraite, a quitté Le Conquet en 1931-32. Aucun repreneur ne s’étant présenté, l’hôtel a été un moment fermé puis la Ville de Brest en a fait l’acquisition en 1935, pour y héberger l’été, des colonies de vacances.
On m’a certifié qu’après la Guerre d’Espagne, des républicains espagnols y ont été placés en résidence surveillée. Je n’en ai pas trouvé confirmation (alors si quelqu’un peut compléter cet article, merci).
Pendant la guerre 1939-45, les Allemands ont établi une de leurs « Kommandantur » dans l’ancien hôtel. Lors des combats pour la Libération du Conquet début septembre 1944, plusieurs soldats allemands ont été tués en divers lieux de la commune et enterrés provisoirement dans le parc de Beauséjour, non loin d’un « bassin rectangulaire », selon la mémoire locale. Après la guerre, les corps ont semble-t-il été exhumés et transférés au cimetière militaire de Lesneven.
En 1946, la vie a repris son cours, les petits colons de la ville de Brest reviennent passer les étés au Conquet. Une cantine et des dortoirs sont édifiés le long du mur qui longe la rue Bernard. Un gardien et sa famille vivent à l’année dans un des pavillons symétriques construits par Tissier à l’entrée de la cour d’honneur de sa maison.
Je crois savoir qu’il y avait à l’intérieur de la propriété une ferme dont les tenanciers exploitaient les terres (merci de me renseigner à ce sujet, j’intégrerai ici les informations qui pourront m’être apportées).
En 1975, le bâtiment de Beauséjour, ne correspond plus aux exigences d’un accueil convenable pour des enfants et leurs moniteurs, la ville de Brest ferme sa Colonie de Vacances, et le domaine reste à l’abandon pendant de nombreuses années. Seules les petites salles des anciens dortoirs sont prêtées à diverses associations locales, pour des réunions ou des fêtes occasionnelles. Je me souviens en particulier d’ « arbres de Noël » de la station Radio-Conquet et en 1980, nous avons avec quelques amateurs d’histoire locale, organisé dans l’une des salles une exposition de cartes postales, photos et objets anciens, qui a connu à l’époque un joli succès.
En 1988, la municipalité conquétoise (François Le Borgne, maire) prend d’abord une option, puis fait l’acquisition de l’ensemble de la propriété de Beauséjour.
même année, une association « Gouel ar Mor » qui a organisé les fêtes de la mer au Conquet en 1985 et 87, décide de réinvestir une partie des bénéfices réalisés lors de ces manifestations, dans une action culturelle. Ainsi est née l’idée d’un musée. Grâce à la diligence de madame Berthou, conseillère municipale, l’association a eu à disposition le petit bâtiment « maison de gardien de Beauséjour » qui, restauré et aménagé par des bénévoles, a de 1989 à mai 1999, abrité le « musée du Conquet, histoire locale et histoire maritime ». L’Office du Tourisme occupant le bâtiment symétrique de l’autre côté de la grille d’entrée, bâtiment qui avait été remise à voitures (à chevaux), du temps de François Tissier.
Le village de Vacances, bungalows en bois, a été construit dans la partie basse du parc en 1989, sauf erreur.
La nouvelle mairie : mise en chantier en 1999, la nouvelle mairie a été inaugurée en l’an 2000, le bâtiment qui abritait le musée a été rénové et attribué à l’Office du Tourisme, l’autre petit bâtiment à l’entrée est devenu salle d’expositions temporaires. Quant au musée, faute d’un local approprié, il a disparu tout simplement. A noter que le sous-sol de la mairie, domaine des anciennes cuisines, a été fort bien aménagé, pour recevoir des expositions et des manifestations culturelles, en particulier le salon annuel « Le Conquet, la mer en livres ». Tout naturellement ce lieu un peu mystérieux, où l’on accède (en baissant la tête) par une petite porte voûtée s’appelle Espace Tissier.
Si vous voulez apporter des compléments à cet article, comme à tous les autres d'ailleurs, faites le moi savoir. JPC