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17 janvier 2009 6 17 /01 /janvier /2009 18:04


LA GRANDE VINOTIERE

 

 

C’est à l’origine une roche isolée dans le chenal du Four, en face de la presqu’île de Kermorvan, d'environ 5 mètres x 5 mètres, précédée de deux petits rochers, l'un au sud-ouest, l'autre au sud-est. Ils séparent le courant de flot en deux parties, le remous qui en résulte entraîne sur la Vinotière les bateaux qui s'en approchent de trop près. Les accidents avec pertes de navires  y sont très nombreux, particulièrement par temps de brume ou par calme plat, (les voiliers ne peuvent alors manœuvrer et sont le jouet des courants). La roche principale reste à trois mètres hors d’eau aux grandes-marées basses pendant deux heures environ. Dans les plus grandes marées hautes, la roche est couverte de quatre mètres d’eau environ. Par mauvais temps la mer s’y brise avec force.

 

Les accidents y sont fréquents

1846, Alexis-Hilaire, 3 août, gabare allant de Laberildut sur Brest avec des pierres de taille a touché sur la Grande Vinotière. Le patron Deudé a eu cependant le temps de venir échouer son bateau dans le port du Conquet où il a été réparé.

 

1851, Journal « L’Océan »  du 8 avril :  le 1er avril à 11h du soir, par calme plat, la bisquine l’Emile de Saint-Vaast la Hougue, 34 tonneaux, capitaine Landais, équipage 4 hommes, a été drossée par les courants et a touché la Grande Vinotière à deux milles dans le nord-ouest du Conquet. Le bâtiment a coulé immédiatement. L’équipage muni de quelques effets s’est sauvé dans le canot du bord et est arrivé au Conquet à minuit et demi. Le bateau faisait route de Pont-Labbé sur Plymouth avec des pommes de terre.

Le 2 avril la patache des douanes s’est rendue sur le lieu du sinistre, monsieur le capitaine Guérin était à bord, mais n’a pu découvrir aucune trace du bâtiment perdu.

Rôle de l’Emile : bisquine à Levesque et le Landais, construite en 1833, touche la roche dans le nord-ouest de la Vinotière le 1er avril et coule vers minuit à trois encablures de la roche. Equipage 4 hommes sains et saufs dans le canot du bord (2P6 –113)

 

1852, 14 novembre en séance, le conseil municipal du Conquet  demande l’implantation d’une balise sur la Grande Vinotière : depuis six mois à peine, trois navires chargés de valeurs, ont touché cet écueil invisible par temps brumeux. Il serait urgent, dans l’intérêt de l’humanité et du commerce, de placer sur ce danger une marque quelconque.

 

Un début de réalisation :

-1853: une perche métallique de 9 mètres de haut, terminée par un globe est implantée sur la roche.  (Donc émergeant à grande marée, de 5 mètres).

 

Le 25 mai 1855, le commissaire de l’Inscription Maritime au Conquet signale que le globe qui terminait la balise de la Grande Vinotière a été enlevé de sorte qu’il est assez difficile de reconnaître la position de ce dangereux écueil. L’ingénieur des Ponts et Chaussées lui répond : « j’ai été obligé d’enlever le globe pour le mettre en couleur et y peindre des chiffres, le tout conformément aux instructions ministérielles ».

 

Il ne reste bientôt plus qu’un morceau d’espar métallique plus dangereux qu’utile

-1857, 29 octobre,  un navire a dû casser le poteau car on lit dans un rapport : « le tronçon de balise qui était resté en place après la rupture de la balise a encore pu jusqu’à un certain point signaler la roche ; il y a en projet  l’édification d’une balise, tour pleine de 3 mètres de diamètre à sa base, mais il y aura de grosses difficultés à descendre sur la roche ».

 

Construction d’une petite tourelle vite détruite

-1861 la tourelle a dû être construite mais le 1er mai 1861 on apprend qu’elle a été renversée et qu’une bouée rouge surmontée d’une boule sphérique a été mouillée provisoirement à 80 mètres dans l’est de la Vinotière. Cette bouée culmine à 3m50 au-dessus de l’eau, elle est peinte en rouge pour indiquer qu’on doit la laisser à tribord en descendant le Four et conformément à une décision récente de la commission des Phares et Balises. Cette bouée portera prochainement une couronne blanche au-dessous du sommet. Le 3 mai le préfet maritime écrit à l’ingénieur en chef des Ponts et Chaussées : «  je viens de publier un avis pour faire connaître aux navigateurs la disparition de la tourelle de la Vinotière remplacée par une bouée.

 

Un voilier non maître de sa manœuvre démolit un ouvrage en construction

1861, 16 décembre / Keruzoré, maître de port au Conquet écrit : « Fâcheuse nouvelle, la charpente en fer de la Vinotière a été jetée à bas cette nuit, le temps étant calme, c’est un bateau dérivant qui l’aura abordée et démolie. Avec une longue-vue j’aperçois quelques barres qui sont couchées sur la roche. Hier vers 10 heures, la charpente était encore debout »

 

Enfin on passe à un projet d’envergure

-1894, la décision est prise d'implanter sur la Vinotière une grande balise de 18,50 mètres de haut avec feu.

 

L’année suivante commence la campagne des travaux

-1895: campagne de travaux, 123 accostages sur la roche pour 665 heures de travail. Fin décembre la tour s'élève à 12,65 mètres.

 

Mauvais début d’année, tout est à recommencer

-1896, 2 janvier, la tourelle inachevée percutée par le steamer  "Nantes-Bordeaux" est arrachée de sa base et bascule d'un bloc, le travail est à refaire.

Vers 18 heures, le 2 janvier 1896 le steamer Nantes-Bordeaux de la Compagnie du Nord installée à Dunkerque, descend le chenal du Four. Il heurte de plein fouet la tourelle et la bascule à l’eau, scellements arrachés.  Le vapeur de construction solide a seulement l’étrave écrasée et une voie d’eau dans le peak avant, ce qui ne l’empêche pas de gagner Brest seul, et d’aller s’échouer sur la grève du Château, pour s’y faire réparer. Des charpentiers lui confectionneront une étrave provisoire en bois et il pourra continuer son voyage.

(La Revue Maritime et Coloniale de 1900, statistique des naufrages pour 1896, on y note le Nantes-Bordeaux coulé dans les roches de Portsall !)

Le Baliseur N°3 constate que la tourelle ayant arraché ses scellements est renversée d’une pièce au pied de la roche. Elle y est toujours.

 

La décision de reconstruire est vite prise

-1896, 4 février, proposition en vue de la reconstruction d’une tourelle octogonale avec  feu, hauteur 10 mètres environ, grande base cercle de 5 mètres.

 

Moins de trois ans plus tard un nouveau feu s’allume dans le chenal du Four

-1898, 22 novembre, fin des travaux. Le feu fixe blanc de la Vinotière, tourelle en maçonnerie, de forme octogonale, peinte en noir, s'élevant à 11,50 mètres au-dessus des hautes mers, est allumé le 1er décembre.

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